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Hommage à un « Monsieur »
Rolihlahla (faiseur de troubles en langue xhosa) Mandela, né le 18 juillet 1918 dans une hutte à Mvezo, village de la région du Transkei dans le sud-ouest de Johannesburg nous a quittés et nous nous sentons tous un peu orphelins. Mais Nelson Mandela n'appartient à personne et un peu à tout le monde. Les « Grands de la Planète » se pressaient dans un stade pour lui rendre un hommage unanime. Étaient- ils aussi nombreux lorsque Monsieur Mandela était derrière les barreaux et qu'un régime politique inique et abject lui refusait notamment d'assister aux funérailles de sa propre mère et de son propre fils. L'heure évidemment n'est pas aux polémiques, mais l'oubli serait impardonnable. « Pardonner, mais ne pas oublier ». Cet homme qui a dit lui-même qu'il avait commis des erreurs, qu'il n'était pas un prophète mais un serviteur du peuple s'est battu pour la réconciliation, la réconciliation entre les oppresseurs et les opprimés. Mais c'est un homme qui, à une période de sa vie, a fondé l' Umkhonto we Sizwe (« la lance de la Nation », le MK) la branche militaire de la lutte, prônant l'action armée et des actes de sabotage suite au massacre de Sharpeville le 21 mars 1960. C'était un révolutionnaire, proche du Parti Communiste Sud Africain fondé en 1921. Profitons-en pour rendre hommage au camarade Chris Hani, secrétaire général du PC sud-africain, assassiné par des militants d'extrême droite le 10 avril 1993, qui jouissait d'une grande popularité au sein de la jeunesse défavorisée des ghettos noirs. Mandela avait aussitôt dénoncé « un acte abject qui menace de conduire la nation tout entière au chaos » avant d'appeler au calme. Et n'oublions pas les exemples d'Olivier Tambo et de Steve Biko, et, bien au-delà, rendons hommage au peuple sud-africain, à toutes celles et ceux qui ont perdu la vie, aux enfants noirs de Soweto, à l'association féminine non violente « The Black Sash » (l'écharpe noire), fondée en 1955 pour protester contre les lois injustes et dont les membres étaient issues de la bourgeoisie blanche. N'oublions pas tant d'autres anonymes dont l'action et le courage étaient aussi importants que ceux de Nelson Mandela. En célébrant ce grand homme, ce sont l'humanité et la lutte incessante contre les injustices et les inégalités sociales à qui nous rendons hommage. « Toute ma vie je me suis consacré à la lutte pour le peuple africain. J'ai combattu contre la domination blanche et j'ai combattu contre la domination noire. J'ai choisi l'idéal d'une société libre et démocratique dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie et avec les mêmes opportunités. C'est un idéal pour lequel j'espère vivre et agir. Mais, si besoin est, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir ».
Nous communistes avons soutenu Nelson Mandela dès la première heure, et nous nous sommes retrouvés souvent bien seuls. Mais, une fois de plus, nous avons démontré que nous étions dans le vrai, en combattant sans relâche toutes les formes d'exploitation, d'exclusion, de ségrégation et de discrimination.
Terminons sur ses paroles de Madiba prononcées le 1° novembre 2006 à Johannesburg, lorsqu'il reçut le titre d'ambassadeur de la conscience pour Amnesty International :
« (...) tant que l'injustice et l'inégalité perdureront, aucun d'entre nous ne pourra prendre de repos. Nous devons devenir plus forts encore. »
« Comme l'esclavage ou l'apartheid, la pauvreté n'est pas naturelle. Ce sont les hommes qui créent la pauvreté et la tolèrent, et ce sont des hommes qui la vaincront. »
« Vaincre la pauvreté n'est pas un geste de charité. C'est un acte de justice. Toute personne, partout dans le monde, a le droit de vivre dans la dignité, libre de toute crainte et de toute oppression, libérée de la faim et de la soif, et libre de s'exprimer et de s'associer comme elle l'entend. »
Aubagne a célébré ce mardi dans le bastion républicain qu'est le Cercle de l'Harmonie le grand monsieur que fût Nelson Mandela. Nous y étions.
André DANCHESI, secrétaire de la section d'Aubagne